Bonjour. Ce site raconte l’histoire de la coopérative Raketamena, à Ambovombe, dans le sud Malgache. Créée en 2018 par des habitants de la région, elle a pour ambition de transformer pour l’alimentation humaine le raketa mena, le cactus rouge, un fruit qui abonde dans cette région très aride et à l’eau rare. Dans les faits notables, on trouve l’acquisition, en 2020, d’une presse à huile pour assurer la pérennité de l’activité.
Mais l’année 2021, qui aurait dû marquer le début de son utilisation, a été terrible. (Vous en trouverez quelques échos sur cette page.) Pas de production, et une trésorerie insuffisante pour mener à bien la construction de l’atelier, dernière étape avant la certification Agriculture Biologique, nécessaire pour valoriser l’huile sur le marché européen. C’est pourquoi nous lançons un appel à financement sur la période de décembre 2021.
Pourquoi il est important de soutenir ce projet ? Parce que, à rebours des aides internationales qui arrivent – partiellement – sur place et plongent les habitants dans l’assistanat, nous, les coopérants, sommes les acteurs directs de celle-ci et nous voulons en faire un élément important pour contribuer à l’autonomie alimentaire et financière de notre région. Merci pour votre soutien !
Vous trouverez sur le site toute l’histoire de notre coopérative, et un petit aperçu de notre beau et souffrant pays Androy.

Octobre 2018 : c’est parti !

Une première récolte “pour voir”, et tester les différentes étapes de notre activités : récolte, nettoyage, séchage, stockage, transformation, analyse des produits obtenus.

Sur la photo, les grains sortis de la pulpe et prêts à être pressés. Mais ce ne sera pas pour cette année ni l’année prochaine, nous allons commencer par les transformations pour l’alimentation de la région : confiture, gelée et jus.

En parallèle, les premières démarches administratives pour la création de la coopérative.

Mai 2019 : une première récolte

Début des récoltes de la saison. La séparation des grains commence à la mi-mai. Les paysans voient arriver les fruits et nous demandent ce qu’on va en faire. Pourront-ils vendre les leurs ? Oui, s’ils adhèrent à la coopérative !

Juin 2019 : nos premiers produits !

Les produits transformés sont disponibles, pour analyse et début des ventes ! Il y a du jus pur, sans additifs, de la confiture, des pigments, de la gelée et des jus sucrés.

Juillet 2019 : analyses

Un envoi est fait vers la France, pour tester différents éléments : les contraintes douanières, les coûts des transports, et déterminer la bonne presse pour l’obtention de l’huile de cactus rouge, qui doit constituer notre ossature financière.
Cet envoi est l’occasion de vérifier le bien-fondé de notre idée initiale : presser l’huile ici et l’envoyer une fois extraite en France. Envoyer les grains en France pour pressage augmenterait considérablement les frais.

Août 2019 : de l’administratif, le stockage, les étiquettes

Contact avec le département de l’Industrie pour la formalisation de la coopérative. Les statuts sont prêts et déposés pour signature de la Chambre de Commerce et de l’Industrie le 10 de ce mois.

A l’arrivée en France, les grains sont confiés à un revendeur spécialiste des presses et des grains, qui va s’en occuper avant la mi-Août. Une approche est faite du réseau BioCoop et de l’entreprise Ethicable.
Le réseau BioCoop répond très sympathiquement, mais ne peut donner suite, l’huile de cactus rouge est un produit très spécifique et par ailleurs les BioCoop, dont l’objectif de privilégier les productions régionales, n’est pas adapté à ce type de demande. Un premier contact est pris avec Ecocert, seul organisme certificateur présent à Madagascar, pour une certification Agriculture Biologique.

Côté production, nous commençons à rentrer dans le dur, … et dans les problèmes à résoudre.
La collecte des pulpes a commencé. On aurait aimé pouvoir commencer la production d’huile mais son acquisition est encore une perspective lointaine. L’extraction d’huile de cactus se fait idéalement dans les 24h qui suivent pour un meilleur rendement et si on les stockent “séchées” plusieurs mois elles perdent leur qualité oléagineuse. MAIS à condition de les stockés avec les pulpes, la conservation peut être satisfaisante. Nous choisissons cette solution.
Le stockage se fait dans des fûts de 1m3, vite insuffisants pour la production que nous avons. Nous commençons des bassins en béton de 30 m3, pour stockage des pulpes avec les graines. On commence avec les moyens qu’on a mais ce n’est sans doute pas la meilleure manière pour la conservation des grains. On apprend… Il nous faut un financement qui nous manque d’au moins 800 €, idéalement 2 000 €. On fait appel à différents soutiens amicaux.
Pour les produits à destinations du marché local, notamment les confitures, on travaille dans des conditions déjà convenables bien qu’un peu à l’étroit. Les premières étiquettes autocollantes ont été imprimées à Tana, nous pouvons nous lancer sur le marché régional. Et nous allons utiliser notre radio pour pousser les produits locaux.

23 août : des photos de la récolte

La récolte bat maintenant son plein ! Quelques photos, un peu en désordre : la récolte, le chargement, le retour des pêcheurs…

Septembre 2019 : patience…

Les choses n’avancent pas. Les services sollicités en France pour l’analyse des produits et la validation de la bonne presse manquent de réactivité. Mais on ne se décourage pas !

Octobre 2019 : BON POUR LA CONSOMMATION !!!

Ça y est, notre confiture a eu la certification des deux laboratoires nationaux dont celui du ministère de la santé et celui du Centre national des Recherches scientifiques. BON POUR LA CONSOMMATION !!!

Décembre 2019 : le raketa mena enfin reconnu

La saison 2020 s’annonce bien !!

Et une conférence dédiée sur le cactus vient d’avoir lieu à Tana. Une grande première à Mada, avec des bailleurs de fonds et les partenaires traditionnels de l’État. Son existence montre l’intérêt suscité par cette plante trop longtemps décriée. Nous avons un stand pour présenter nos produits pour nous faire connaître, et aussi pour être à l’affût de contacts intéressants, technique comme commerciaux… Et aussi voir où en est la concurrence !!

janvier 2020 : préparer la campagne de financement

La saison de floraison est terminée. On attend maintenant la pluie pour gonfler les fruit de cactus.
Le temps libre est mis à disposition pour préparer la campagne de financement. Ce lundi sur le marché avec l’appareil photo, nous cherchons les contre-dons à proposer pour les amis français qui vont nous aider à acquérir la presse. J’ai interrogé ces artisans à propos de leurs travaux. Ils disent que le manque d’outils reste un handicap pour bien faire un article/objet digne d’être exporté pour faire face aux concurrences. Leurs outils sont très rudimentaires. Les bijoux tels que bracelets et bagues sont en alliage d’aluminium issu des marmites inutilisées ou en bronze ou cuivre. Cette modestie de moyens ne les empêche pas de fabriquer de beaux objets. La réputation de l’habileté artisanales des Antandroy n’est pas un mensonge !

Mars 2020 : on lève le nez

La pluie a sauvé les cactus ici, sinon la saison était perdue. Nous nous apprêtons à recevoir les premières récoltes d’ici peu. Tous les documents administratifs et fiscaux sont déjà en bonne due forme. Nous attendons le financement remboursable de la banque pour construire le premier hangar, il servira à la collecte et aux traitements. En parallèle, on réfléchit à un puits pour notre approvisionnement en eau.
Le debut de l’exploitation, ce sera à partir de mois de mai à cause de la construction du hangar en vue, et la récolte commencera aussi à partir de ce mois là. Mais il y a des paysans affamés qui nous vendent déjà leurs cactus rouge en ce moment même. Nous en profitons pour en extirper les graines.

Avril 2020 : le coronavirus et le financement

Les deux premières semaines ont été dures. La situation d’Ambovombe s’améliore maintenant. Tandis que la capitale, Tamatave et Fianarantsoa sont en quarantaine systématique, dans l’Androy nous sommes dans le calme. Les gens ont peur de sortir. Tant mieux car bon nombre d’entre eux n’ont pas les moyens de précaution pour s’éloigner du virus au cas où. Les quotidiens des gens ici : la nourriture commence à se faire rare dans les campagnes. On craint beaucoup pour eux. En ville, les gens venant des autres provinces infectées sont marginalisés même après avoir été testés “négatifs” par la barrière sanitaire. En général, le confinement est le mot d’ordre ici.
Concernant notre projet, notre financement est suspendu par la Banque en raison de la situation mais de notre côté, il faut toujours continuer à se préparer avec ce qu’on peut faire sur place. Où vont les récoltes? Si on ne fait rien, les premiers et bons fruits vont tomber à terre et nous perdrons des centaines de kilos de graines. La priorité pour la coopérative, c’est la construction d’un hangar de 10m x 3m en tôle de zinc et planche pour traiter, stocker les graines en attente de leurs traitements.
La presse reste pour nous notre priorité absolu mais le pont aérien est pour le moment suspendu avec l’Europe ou la Turquie. Espérons que ça ne bloquera pas lorsque nous aurons pu l’acquérir.

21 avril : le puits avance

Et maintenant, le puits: nous avons déjà prospecté des point d’eau souterraine et en avons trouvé (nous avons joué au sourcier aux baguettes magiques). En ce moment, notre puits fait déjà 6m de profondeur et il nous reste encore 8-10m à atteindre par le fond pour avoir de l’eau. Nous l’estimons d’ici une semaine car on travaille manuellement à la pelle, le sol est instable et on y va doucement sans aucune protection. On voulait faire des buses en béton mais financièrement ce n’est pas possible. L’important, c’est qu’on aura de l’eau pour nettoyer et traiter nos cactus, nos graines surtout. En fin, l’idéal ce serait de concevoir une éolienne de pompage que nous pourrions fabriquer avec des matériaux locaux (400-600€) environ avec le socle en béton, le quadripode, l’hélice, la pompe). Quant au magasin de stockage, nous allons commencer avec une 16 m2 et on verra progressivement.

22 avril : le choix de la presse

Le financement pour la presse va bientôt commencer. On croise très fort les doigts !
Ça fait maintenant plus d’un an qu’on réfléchit et qu’on se renseigne sur la presse sous tous les angles : la quantité à traiter, le volume souhaité, l’alimentation, la maintenance, la qualité, le prix. Le grain de cactus est particulièrement dur, surtout si on le laisse sécher plus de quelques heures hors de sa pulpe. On a aussi des échanges avec plusieurs fabricants. On doit maintenant arrêter notre choix.
Finalement, nous choisissons la presse NF600 du fabriquant Karaerler. Il s’agit d’un fabricant turc utilisant des éléments d’origine allemande. Le NF 500 aurait peut-être été suffisant mais n’est plus disponible, le NF 100 est nettement insuffisant, et le NF 800 demanderait un effort financier supplémentaire qu’il n’est pas justifié de chercher à atteindre.

Le site de financement participatif se met en place grâce au soutien de l’association française Libre-en-tête. La plateforme de paiement qu’on a choisi, stripe est avantageuse : 1,4 % de la contribution + 0,25 € par transaction CB, et les virements et chèques ne donnent lieu à aucun frais. Les contributions sont versées sur un compte français à partir duquel se fera directement le règlement au fabricant, ce qui là aussi limite le plus possibles les frais annexes. On espère commencer la campagne début mai.

27 avril : le chiffrage définitif

Le montant était globalement connu, nous discutons avec eux depuis maintenant un an, mais nous leur avons demandé de nous confirmer tous les éléments. Leur réponse est arrivée hier :

1/ price of the NF600: 4,700 €. Confirmed.
2/ price of transport to Madagascar: ? Price by vessel is 450 EUR
3/ terms of payment: ? TT in advance..
4/ delivery date: ? Within 2 working days after payment confirmed..

Le coût de réception (dédouanement et acheminement jusqu’à Ambovombe) est estimé à 450 euros. Soit un total de 5 600 euros.

9 mai : confitures, stockage et puits

Nous avons commandé un stockage de graine de cactus rouge aupres d’un fournisseur, ayant une capacité de 1m3 en zinc. Nous allons commencer la fabrication de confiture même à petite échelle ce mois ci sans perdre les graines.

Pour le puits, nous sommes en ce moment à 18m de profondeur et l’eau n’est pas encore au rendez-vous mais les indices sont très prometteurs. Mais plus nous descendons, plus le sable est instable d’où la nécessité de revêtir en béton ou en pierre mosaïque que nous avons déjà procédé. À ce jour, nous avons déjà investi sur 23 sacs de ciments de 50kg/unité. Et visiblement nous aurons encore besoin d’au moins 30 sacs supplémentaires jusqu’au bétonnage du couvercle. Cette première partie ne concerne que le puits lui-même, tandis que la deuxième partie concernera la construction d’un pompage éolien et la troisième dernière partie serai le bassin de stockage de l’eau que j’estime entre 12 à 30 mètres-cubes selon nos besoins.

10 mai : l’eau arrive !

Ce dimanche matin, la bonne nouvelle nous a été annoncée par les creuseurs du puits : l’eau est bien là, jaillie de l’entraille de la terre à 20m de profondeur ! Seulement il nous faut attendre une semaine pour pouvoir reprendre le travail car un des trois de l’équipe qui fait la maçonnerie va effectuer un autre travail à Amboasary. Il nous reste à raffermir jusqu’à la surface (en haut) le bétonnage du puits et à compléter par le socle de 9m2 qui va recevoir les pieds de l’éolienne.

L’eau, enfin

30 mai : le financement de la presse

Nos amis de l’association Libre-en-tête commencent aujourd’hui leur campagne de financement. Espérons un résultat heureux, la réussite de notre projet en dépend. Et ayons confiance dans la générosité de nos amis.

18 juin : le puits, un enjeu décisif

Une analyse de nos besoins en eau amène à la conclusion d’augmenter la capacité du puits pour avoir 60m3 d’eau d’eau stockée au début de la période sèche (août-novembre).

Des sourciers sont venus et nous ont suggéré de creuser encore et encore au delà des 20m de profondeurs. Ce travail va être très risqué pour cause de sols instables mais on s’y est préparé : on avait installé la veille de gros palans pour soulever les buses, et après curage le volume de l’eau a triplé. On continue aujourd’hui. Le volume du bassin actuellement dépasse maintenant 30m3. Et en cadeau, des photos du coucher de soleil sur le soleil 🙂

Au premier plan les parpaings que nous faisons avec le sable extrait du puits. Nous n’utilisons pas la première couche, de la latérite, visible au fond, mais commençons à la deuxième. On voit aussi les buses qui vont nous permettre d’augmenter la profondeur du puits. Notre prochain gros travail !

19 juin : le chantier des buses

Gros travail aujourd’hui, la pose des 3 buses de chacune 450 kg, dix personnes ont été nécessaires. Nous pensons déjà au prochain chantier : l’éolienne qui alimentera la pompe.

L’huile : où en est-on ?

La campagne de financement avance bien, nous sommes encouragés par ces aides venues de loin. Pour mieux aider à voir où la presse se place dans notre travail, voici les différentes étapes qui font passer du fruit cueilli aux grains prêts à être pressés :

  • à réception, nous enlevons les piquants. Nous utilisons des brindilles d’herbes comme brosse.
  • un premier lavage enlève les impuretés superficielles, épines, poussières, … Les fruits abîmés sont rejetés, pour éviter les risques de fermentation lactique
  • ensuite a lieu l’épluchage et la séparation des grains et de la pulpe. L’eau sera alors utilisée pour laver les grains.

Et n’oublions pas la fête de la musique

Malgré le virus, l’Alliance Française organise un spectacle pour la fête de la musique. Cache-bouche obligatoire et maximum 50 personnes, mais on pourra l’écouter sur RadioJeta, notre radio, qui fêtera bientôt sa vingt-troisième année d’existence !!!

2 juillet : j – 48heures pour la presse

La recherche de financement pour l’achat de la presse se finit demain soir. Il manque 700 euros. Nous revenons régulièrement devant l’écran de notre ordinateur pour voir si nous allons y arriver. Nous continuons d’espérer, il le faut.

5 juillet : et pendant ce temps-là, les travaux continuent 🙂

Le corona n’est pas un sous-prétexte valable pour rester inactif. Durant le confinement, nous avons travaillé sur l’adduction d’eau potable pour notre projet #Raketamena. Nous ne sommes qu’émerveillés devant la réussite de ce puits de 22m au milieu de nulle part. Dieu merci, nos vives reconnaissances à tous ceux qui nous ont aidé de près comme de loin. MILLE MERCIS !!! Les travaux sur le puits continuent jusqu’à l’achèvement de la partie éolienne.

Et ce soir, le montant est atteint ! Cette autre étape cruciale pour nous a été franchie grâce au soutien de nos amis français. Nous demandons à l’association Libre-en-tête de les remercier pour nous. …

Et maintenant, la réception de la presse !

On oubliera vite toutes les démarches, les mails, les coups de téléphone et les allers-retours pour ne retenir que les dates importantes :
– mi- juillet, la facture du fournisseur de la presse et le règlement qui suit.
– début août, départ de la presse par bateau
– le 15 octobre nous sommes avertis que la presse quitte l’île Maurice pour le port de Tamatave
– s’ensuivent l’accréditation du fournisseur, l’opération de dédouanement, l’attestation du paiement de la presse, le règlement de la TVA (plus chère que prévue parce qu’elle prend aussi en compte le montant du transport et le taux de change au moment du règlement, plus important que lors de la passation de commande).

Pendant ce temps, les événements à la coopérative de juillet à septembre :
– le covid a touché quelques personnes, avec parfois des séquelles
– la vente de confiture est affectée par les restrictions de déplacement, le confinement se faisant par régions.
– la construction d’un petit local de 4m2 pour abriter les panneaux solaires et ses accessoires pour la pompe ainsi que le petit bassin de 3m3 pour recevoir l’eau destiné à l’arrosage des jeunes plantes, à la construction, et pour les petits besoins au quotidien
– la fondation du petit bassin de stockage de 3m3 et du grand bassin de 60 m3
– à Ilakaka, la découverte de ce palmier bizarre dont le fruit, une fois séparé de son noix par épluchage est expédié par tonnage vers une destination inconnue. La seule chose qu’on sait est que c’est une matière première pour la fabrication d’une huile utilisée par les avions selon les sources locales
– des difficultés importantes avec les grands distributeurs de Tuléar, qui n’acceptent pas les produits étiquetés “artisanaux” à moins de les avoir soumis à nouveau dans des tests au laboratoire comme on a fait l’année dernière avec la confiture
– la collecte de 500kg de fruits de baobab. Le but est d’en extraire la poudre très riche en calcium et vitamine C, et puis emmagasiner le maximum de graines/noix pour en faire de l’huile cosmétique et pharmaceutique. À la différence des graines de cactus, le baobab préserve beaucoup plus longtemps sa qualité oléagineuse qui est un avantage considérable.

Octobre-novembre 2020

Il pleut pour la première fois depuis six mois dans la région de Tulear et des grêles se sont abattus sur les champs, les routes, causant des dégâts très importants.
Le cactus rouge commence à être regardé avec bienveillance par les autorités, et on écoute notre coopérative de façon attentive.
Début Novembre, une très grande douleur, la perte d’un ami et d’un soutien très cher, Michel Teisseire.
En ce moment (Novembre), c’est encore la floraison et le premier fruit de cactus rouge sera attendu au mois de février-mars. Ici c’est la désolation totale à cause de la sécheresse. Tout de suite après la première pluie, le vent déracinait tout sur son passage. La population vit de mal en pire.
Côté presse, des transferts de fonds d’une banque à une autre, des demandes d’informations au transitaire, … Enfin le 26 novembre la presse est officiellement dédouanée !!!

17 décembre 2020 : la presse arrive !

La presse est bel et bien arrivée chez nous après un long périple depuis la Turquie jusqu’ici. Encore une fois, toutes nos reconnaissances envers tous les donateurs qui ont contribué à l’aboutissement de ce matériel.

La fin de l’année se présente un peu mal ici. Pas de pluie conséquente, toujours le Kéré qui est au bord des lèvres des passants.

Janvier 2021

13 janvier : Nous attendons avec impatience le début de la première récolte du raketamena. Le manque de pluie est trop significatif. Nous attendons le mois de février pour que première récolte soit. Nous espérons qu’il y aura une pluie suffisante.
19 janvier : La pluie est tombée depuis hier dans l’Androy et on a beaucoup d’espoir pour la récolte de cactus rouge au mois de mars.

Février 2021 : le Tiomena

Le cyclone qui est passé au nord de l’Ile ne nous a pas affecté, mais la petite pluie n’a pas effacé la perte causée par les tempêtes de vents qui sévissent chez nous et qu’on appelle le Tiomena. Ce phénomène mérite quelques remarques et précisions :
Une vidéo de la chaine 24/24mg apporte des éléments pour appréhender ce qui s’est passé.
Un journal de la Réunion rappelle que “le phénomène assez rare baptisé « Tiomena » couvre globalement une vaste zone géographique et désertique comme le Sahara en Afrique de l’Ouest, du Nord (et du) centre ainsi que dans le Moyen-Orient. Sa manifestation était tout de même assez impressionnante car elle a concerné une zone qui s’étendait jusqu’à plus de 200 km d’Ambovombe à Ampanihy”.
Le journal Midi-Madagasikara y voit un des premiers effets de la crise climatique et suggère que « l’apparition du premier Tiomena date de l’année 1991. Aujourd’hui, c’est presque une habitude pour la population d’Ambovombe de vivre le phénomène. Ce sont là les propos d’un habitant du district d’Ambovombe, qui a préféré taire son nom, qui donnent un aperçu sur le phénomène Tiomena dans le Sud. »
L’ONG Action contre la faim abonde dans ce sens : “L’Androy souffre des retombées des changements climatiques, plus particulièrement de sécheresse. Le manque d’eau, faisant un nombre considérable de victimes de Kere est aussi amplifié par le tiomena, des tempêtes de sable rouge qui ensevelissent le peu de cultures qui y ont été mises en place. En effet, lors du suivi satellite effectué la première semaine de juillet, le tiomena a fait des ravages considérables sur 64 % des terres cultivables, selon un responsable de l’ONG Action contre la faim.”
La dimension dramatique de ce phénomène climatique et de ses effets dévastateurs sur la population déjà en situation très dure en novembre avant le Tioména a été hélas utilisée a des fins politiques et médiatiques comme le rappelle l’article par exemple cet article. Beaucoup d’habitants ici regrettent cet usage et le buzz mensonger qui s’en est suivi, dont ils n’attendent rien.
Quels sont ses effets concrètement ?
Le Tiomena engendre la hausse de la vie en général, la montée des prix du PPN, les maladies infectieuses pulmonaires, l’IST à cause de la prostitution; les routes nationales coupées pas les envahissements des sables, etc… La coopérative s’en sort vraiment mal car le pouvoir d’achat diminue tant que le Tiomena persiste. Il affecte également et surtout la vie paysanne. Nous attendons avec impatience la première récolte du raketamena au prochain mois mais la sécheresse nous fait croire le contraire. On croise le bras. Il pleuvait il y a quelques jours mais subitement, effacé par les rafales de vents accompagné de sables inondant les clôture de cactus. Presque toutes les voies intercommunales son obstruées par la formation de nouvelle dunes et le pire dans tout cela c’est qu’on est au bord d’un litige foncier collectif. Les limites des parcelles sont ensevelies sous 1m de sables. Certains en profitent pour étendre leurs parcelles et restreindre notre champ d’action.

Mars : un peu d’espoir

Heureusement, les cactus rouge poussant le long du littoral ont été épargnés par le Tioména et on attend des récoltes d’ici environ un mois. L’accès y est très difficile à cause des dunes qui se sont formées le long des routes et des champs. Mais on trouvera toujours des moyens pour faire parvenir les cactus rouges ici Ambovombe.

Avant hier, le Secrétaire Général du Ministère de l’Industrie et le Coordonnateur National du programme ‘One District, One Factory’ nous a rendu visite personnellement. Après un long entretien ici même à la maison, ils se sont rendus sur place, histoire de se rendre compte dans quelles difficultés les paysans-artisans vivent au côté du Tiomena ainsi que son impact. Visiblement, pas grand-chose évoquée à part l’appréhension du phénomène. Pas d’aide jusqu’ici. Une chose que je leur ai demandé c’est de faciliter l’exportation de nos huiles quand le moment viendra car en ce moment, la matière première nous manque encore. Et devant eux, pour la première fois, j’ai déballé la presse à leur grande stupéfaction !!!

Avril : patience…

La construction de la maison dédiée pour la transformation a fait une pause depuis quelques mois. On est à la hauteur des élévations des murs. La suite aurait été la partie charpente, toiture, crépissage, dallage, etc… le chemin est encore long. Mais heureusement que cela était une étape très importante dans le processus de la mise en place de ce projet.

Ce matin, (et cela fait des semaines), nos amis de la campagne nous ont apporté des cactus vert dans le but de nous les vendre. J’étais si triste de les voir gâchés mais ils disent qu’ils n’ont plus de ressources pour subvenir à leur besoin. Je leur ai offert quelques sommes d’argent et en échange, ils vont les donner aux bétails car on ne peut pas les utiliser dans l’alimentation humaine.

La saison de récolte s’annonce un peu tardive en dépit des pluies du mois dernier. J’ai visité nos concessions mais les cactus rouges sont encore tous vert. Il faudra encore au moins 2 mois avant qu’ils mûrissent.

Côté papier coopérative, j’y fait quelques modifications et ajustement en fonction du contexte selon lequel nous traversons en ce moment car le covid restera parmi nous désormais selon l’OMS. Nous organisons des réunions tous les quinzaines avec les membres directeurs.

Le covid frappe notre région plus mal qu’avant. Mais heureusement, nous sommes encore épargnés. Bon nombre de gens sont infectés ici mais aussi incroyable que cela puisse paraître, les pauvres ne contractent pas le virus en question. Aucun décès jusqu’ici mais des hospitalisés OUI.
Pour la coopérative, nous attendons la première récolte probablement d’ici juin.

Mai : misère

Les raketamena ne connaîtront pas d’assez bonne récolte ce mois-ci car outre les retards liés aux dérèglements climatiques, les gens démunis de leurs cultures s’en prennent jour après jour jusqu’à couper les feuilles porteuses de bons fruits pour se les procurer. Du moment que la population se rendent compte que ces fruits aux goûts acidulés sont comestibles et accroît l’immunité du corps avec ses teneurs en vitamine C, ils sont “pillés” sans atteindre leurs maturités. C’est très dommage mais on a encore des espoirs car la situation tend en ce moment à se stabiliser. Le covid préoccupe la population. Certes, l’aliment reste crucial pour tous. Toutes les récoltes, quelque soient leurs natures ne sont pas au grand rendez-vous comme avant malgré les pluies d’il y a quelques mois jugées tardives.

Nous observons de près quand les raketamenas des endroits inaccessibles mûriront et c’est là que nous commenceront le travail. Ce sera notre seule chance pour l’instant.

Pour revenir un instant sur le phénomène Tioména : nos scientifiques locaux avancent des théories selon lesquelles c’est une tempete de sable, etc… Mais la spécificité du Tiomena se caractérise par le replacement de vent suffisant pour engendrer des poussières rouges d’où son nom. Mais à quelle vitesse est ce déplacement ? Déterminer le point de création du tiomena pourrait peut-être apporter quelques retouches sur la terminologie du Tiomena. Ce phénomène qui ne se produit que une fois tous les trente ans affecte l’agriculture, l’élevage, la santé publique et bien d’autre. Nous allons tenter de mieux mesurer ce phénomène.

Juin : et maintenant, de la musique !

Nos amis de l’association Libre-en-tête nous ont demandé de participer à distance au festival Ast’Africa. Le plus sûr est de faire une vidéo de notre prestation musicale, un spectacle en direct serait trop incertain. Notre prestation sera de 30 minutes. Notre musique c’est celle du terroir, acoustique, aucun micro. Tournée en plein air et probablement dans un village en milieu rural. Il n’y aura pas de montage video mais directement des prises de vues avec une seule camera. Le groupe s’appelle SAÏRY, le nom d’un groupe créé il y a plus de vingt ans.
Les principaux extraits du spectacle vidéo sont visibles ici, accompagnés de quelques commentaires.

Notre prévision sur la récolte est faussée à cause des imprévus liés à la sous-nutrition qui fait couler beaucoup d’encre en ce moment. Nous espérions que la situation s’ameliorerait dans les mois prochains mais il est à craindre que le Tiomena revienne au mois de septembre et fasse beaucoup de ravage

Juillet 2021

Les criquets migrateurs sévissent depuis un mois dans nos parages.
Nos amis de Libre-en-tête nous demande si un nouveau financement pourrait nous aider, et pour quel besoin. La majeure partie sera allouée au financement de la certification ECOCERT. Certes, nous avons encore besoin d’un financement pour la continuité de la maison “unité de transformation de cactus rouge” dont nous commençons la construction.

Première étape de la construction : les fondations !

Quant au puits, le puits sert à irriguer / arroser les jeunes plantes, les jeunes arbres, les potager et sans toutefois oublier l’abreuvage des animaux.

Lors de mon séjour à Majunga, j’ai découvert qu’il y aurait une possibilité de vendre nos confitures ici car celles des autres venant de Tana ou de l’extérieur sont très chères. Donc une aubaine pour nous si la prochaine récolte est meilleure et que le kere sera passé.

Août : sensibiliser les cueilleurs

Visiblement, il y en a en ce moment de l’espoir car la vie de la population reprend le cours normal. On n’entend plus parler de kere mais plutôt de l’insécurité.

Le gros travail à faire maintenant serait de resensibiliser, mener une campagne en milieu rural pour préserver ces nouveaux fruits en pleine croissance. Pour que ni bétails ni personne ne les détruisent inutilement. Certains viennent chez nous pour nous vendre l’année dernière des fruits non murs et contraignent de les jeter en pleine rue pour manifester leurs colères. Ils ont été mal informés car en ce moment là, nous avons émis des programmes a la radio faisant office de ne pas acheter des raketamena de très mauvaises qualité. Ils ont cru de bouche a l’oreille que c’était le début d’une campagne publicitaire et sont venus en masse pour les nous vendre. J’ai reconnu mes erreurs. Il ne fallait pas le faire à la radio mais venir sur terrain, plus efficace mais coûteux car la zone est vaste et il faut des moyens et des personnels bénévoles.

Pour cette année, à quelques mois de la récolte, nous planifions de venir les sensibiliser chez eux mais pour cela, ils nous faut de petits matériels tels que mégaphones, etc… Et puis louer quelques motos et chacun va dans différentes directions mais presque simultanément. On doit la faire ce week-end car ceux qui vont nous épauler sur cette campagne travaillent dans des ONG et ne sont libres. Je les ai sollicités personnellement car nos membres n’ont pas la capacité oratoire.

Demain donc, nous irons en brousse, histoire de mener. Une sensibilisation de village en village au sujet des raketamena. La situation s’améliore visiblement mais les paysans cherchent à vendre tout ce qui bouge à part les bétails. En ce moment, les maniocs sortent des terres mais cela ne suffit pas. Les aliments de bases viennent toujours de l’extérieur, des régions voisines. Si nous ne faisons rien, ils vont faire encore de l’argent facile avec les raketamena non-mûrs et il faut l’éviter à tout prix. Si l’on se tient au climat actuel, la saison s’annonce meilleur que l’an passé mais on ne sait pas encore ce que dira Monsieur Septembre.

Octobre : rester confiant et préparer l’avenir

La deuxième activité sera se pencher sur la continuité des travaux de construction de notre factory car après avoir discuté avec les autres promoteurs des hauts plateaux sur la transformation laitière, un des facteurs inspectés par ECOCERT est le local proprement dit. Donc, si nous pouvons y avancer ce serait mieux. Nous sommes à 45-50% de la construction. On ne cherche pas le coté esthétique mais juste fonctionnel qui respecte la norme minima pour la traitement des produits.

La construction du local nous donnera la capacité de traiter les graines séparément. Ainsi, la production des huiles pourra se faire dans les meilleurs conditions, et nous pourrons obtenir la certification AB. C’est une étape importante dans notre visée d’autonomie financière.
La construction avance mais il y a la pénurie de ciments à Madagascar depuis un mois déjà et le prix a doublé. Il y a quelques jours, le Président Andry Rajoelina a fais savoir qu’il y aura des arrivages de ciments en provenance de l’Inde et de Maurice qui viendra sur le marché avec un prix moins chers. On l’attend mais cela n’affecte pas les travaux de charpentes que nous faisons déjà en ce moment. J’enverrai des photos dans quelques semaines.

Voilà juste un aperçu de ce que nous allons entreprendre bientôt.

Novembre : un soutien de nos amis français

La récolte s’annonce prometteuse pour le moment car il y a de la pluie. Le tiomena est arrivé deux jours après, qui a effacé son apport mais heureusement, le cactus une fois avoir reçu de la pluie le processus de fructification n’est pas stoppée immédiatement. Jusqu’ici, nous espérons toujours que ce sera meilleure que l’année dernière. On connaîtra un retard mais c’est mieux. Comme ça, nous aurons où stocker les fruits au premier trimestre de l’an prochain.

Et nos amis de l’association Libre-en-tête viennent de lancer un appel à soutien. Ils savent notre difficulté à acquérir les matériaux pour finir la construction et ont lancé cette campagne pour nous aider. Sans elle, nous aurons du mal à acheter les matériaux manquants. Espérons.